mardi 20 mars 2012

Mickey Mousse


             Mickey Mouse, fluide rongeur d'Amérique, fascine facilement. Symbole rebattu de l'impérialisme, gribouillis de bic téléphoné, à portée de main et d'imaginaire, cette boisson tiède peut-elle encore être servie bien fraîche ? Il s'agira de secouer un peu le contenant pour en refaire mousser le contenu. Au risque de nous éclabousser de sombre bière brune, souris fasciste ou souris verte, en totale décomposition, encore un grand classique de la pop, son image inversée dans le miroir des vanités. Du No future à Rabelais, la gentille souris s'empâte, sa queue épaisse se dresse, ses oreilles se mettent en perce, divers fluides s'écoulent de sa culotte boutonnée... rien de bien méchant, juste la vieillesse du jeune premier, et les soubresauts intellectuels de la propriété. Plus étonnants, les épisodes inédits, l'anticase, la course infinie de Zénon entre les bulles, bref la triple ellipse parabolique, une histoire à trous comme le fromage. Une souris après tout ça fait des trous dans les plinthes. Des trous dans la peinture, pour ruiner nos références, pour aérer nos appartenances.

Place au rongeur domestique, donc. Selon les premiers stoïciens, qui théorisaient le rôle de chaque chose dans le monde, les souris étaient là afin de nous maintenir en éveil... de nous faire veiller au grain.

Thibault Franc, mars 2012